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Colza Gérer les compromis face aux ravageurs d’automne

Alors que la pression s’intensifie sur les cultures de colza, des leviers existent pour lutter contre altises, autres insectes parasites et limaces. Dans cette étape décisive de l’itinéraire cultural, il revient à chacun d’ajuster sa stratégie, le plus souvent en amont et à l’échelle de la parcelle, rappellent des experts du colza, à l’occasion d’une conférence organisée par Terre-net Factory et Corteva Agriscience.

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De nombreuses innovations agronomiques ont vu le jour ces quinze dernières années pour mieux contrer les bioagresseurs du colza. Les semences hybrides ont notamment conféré à la plante une meilleure capacité à les tolérer. Mais toutes les menaces n’ont pas été écartées : « Insectes et changements climatiques sont aujourd’hui nos défis principaux », a mis en avant Jean Lieven, ingénieur de développement en régions Normandie et Île-de-France chez Terres Inovia, à l’occasion d’une récente conférence organisée par Terre-net Factory et Corteva Agriscience sur la culture de l’oléagineux. En l’occurrence, « les larves d’altises qui apparaissent fin octobre ou début novembre, selon les régions, s’inscrivent comme l’ennemi public numéro 1 de la culture du colza ». Pour les éviter, une combinaison de leviers existe. « La stratégie consiste à gérer le mieux possible les compromis, selon les régions et les parcelles. »

Date de semis précoce

Accompagné d’un travail du sol limité, le semis précoce reste l’un des leviers agronomiques les plus puissants pour esquiver les principaux risques qui touchent le colza à la levée. Semer tôt permet de gagner en vigueur et en rythme de développement dès la fin de l’été. La date d’un semis précoce n’est toutefois pas fixe et varie en réalité d’une région à une autre. « Il s’agit surtout de se tenir prêt, le plus tôt possible. Il faut savoir être opportuniste pour être opérationnel à la première pluie », a souligné Jean Lieven. « Les dernières parcelles semées sont toujours les plus fragiles en termes de pression d’insectes et de graminées, a confirmé Cédric Picard, chef de cultures sur une exploitation à Barc, dans l’Eure. Celles-là, on sait qu’on doit les bichonner plus encore que les autres. »

La fertilisation azotée au semis

L’utilisation d’un engrais starter, « un peu d’azote, voire du phosphore dans les sols qui en nécessitent », reprend Jean Lieven, concourt aussi à rendre le colza plus robuste face aux ravageurs. De la même façon, les plantes compagnes ont prouvé leur intérêt : la pratique du colza associé permet de mieux tolérer la présence d’insectes.

« Au sein de Corteva, on travaille également des solutions avec des bactéries capables de capter l’azote de l’air, pour obtenir un maximum de biomasse à l’entrée de l’hiver », ajoute François Dufour, coordinateur filières et environnement chez Corteva Agriscience.

En cas de fortes pressions de ces ravageurs, les insecticides sont aussi requis. La solution n’est pas infaillible. Plusieurs régions en France connaissent en effet des problèmes de résistance aux pyréthrinoïdes, de la part des grosses altises et des charançons de bourgeon terminal.

Une surface seuil de 1,3 million d’hectares

L’efficacité de ces leviers dépend des niveaux d’infestation de la parcelle ainsi que du contexte pédoclimatique. Fin octobre, « il est encore trop tôt pour prédire le potentiel de rendement de 2023. La réussite de cette phase automnale va conditionner la capacité du colza à tolérer ou pas des aléas d’ordre sanitaire et climatique », a soutenu Jean Lieven. 

Selon Guillaume Chartier, administrateur de la Fédération française des producteurs d’oléagineux (FOP), 1,2 million d’hectares ont été cultivés en colza en 2021-2022. « On attend 1,3 million d’hectares pour l’année à venir. C’est un seuil cohérent par rapport à la SAU française. Un seuil auquel il faudrait rester. »

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